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claude stéphane perrin

Les démons de Kafka

24 Janvier 2017 , Rédigé par claude stéphane perrin Publié dans #philosophie

Les démons de Kafka

 

   La pensée de Kafka pose d'une manière énigmatique, à partir des concepts de fuite et d'impasse, donc de finitude, le problème du rapport de la liberté avec la servitude de chacun. En fait, pour l’écrivain, la situation de l’homme est paradoxale, voire démoniaque : d’un côté, il réalise son devenir-animal (matériellement indifférent et irrespon­sable), et de l’autre il s’interroge sur son rapport possible à la religion du Livre, et notamment sur ce qui concerne directement l'idée infinie de la Justice, l'intérieur même de la Loi. Cette seconde perspective contredirait totalement la précédente si l’idée de la Loi ne restait pas obscure, donc dans l'attente du dépassement d'une Nuit neutre : ni certaine ni incertaine. Comment concilier ces deux points de vue eu égard à l’idée du Neutre qui oscille entre une interprétation matérialiste, celle de Deleuze et Guattari par exemple, et ma propre interprétation où l’idée du Neutre précède aussi bien l'idée du Don que celle du Retrait de la Loi ?

    Dans Le Procès (commencé en 1914), il s'agit en fait pour Kafka de cor­riger une erreur qui, paradoxalement, n'apparaît pas clairement dans le texte de l'Écriture, mais uniquement dans les interprétations divergentes des glossateurs. La lumière de la pensée, inhérente à chacun, ne serait-elle pas alors aveuglée par une lumière plus forte qui condamnerait la première ? Sans doute pour la tradition biblique. Mais qu'en dit précisément Kafka ? Il reconnaît la nécessité d'un monde spirituel tout en pensant que ce monde n'est pas encore advenu : « Il n’existe rien d’autre qu’un monde spi­rituel ; ce que nous nommons le monde sensible est ce que le monde spiri­tuel contient de mauvais et ce que nous nommons mauvais n’est qu’une né­cessité momentanée de notre évolution éter­nelle. »[1]

   Dès lors, chaque homme, tout comme Kafka, se trouve sur le seuil (neutre) qui précède à la fois un commencement et une fin : « Le Messie viendra seulement lorsqu’il ne sera plus nécessaire. Il viendra seulement un jour après sa venue, ce n’est pas le dernier jour qu’il viendra, mais le jour qui sera absolument le dernier.»[2] Le Messie viendra donc trop tard pour l'homme, ce qui est ab­surde. Alors s'impose l'idée démoniaque d'une perpétuelle culpabilité humaine : « Je n’ai un sentiment de culpabilité que parce que pour mon être c’est la forme la plus belle du remords, mais il n’est pas besoin d’y regarder de très près pour voir que le sentiment de culpabilité n’est rien que l’exigence de reve­nir en arrière. Mais aussitôt, bien plus redoutable que le remords et bien au-dessus de tout remords, s’élève déjà le sentiment de la liberté, de la déli­vrance, du contentement mesuré.» [3] Coupable ou innocemment libre, y a-t-il vrai­ment une alternative ?

   Non, car Kafka ignore précisément, du reste comme son personnage principal (Joseph K.), s'il est ou non coupable d'avoir transgressé la Loi (qu’il ne connaît du reste pas). Il se situe en réalité entre un Adam bêtement dominé par le féminin (pour lui Felice ou Milena) et un Œdipe trop soumis par son père. Dès lors, il ignore sans doute, comme son personnage dit de la campagne, s'il peut vraiment chercher à connaître la Loi sans déjà devenir, par son désir insatiable, diaboliquement coupable, voire "diabolique en toute innocence." [4]

   Car ce serait bien le propre d’un ange déchu que de prétendre savoir et, en même temps, ne rien savoir. Satan ignore en effet le Neutre (ni ceci ni cela), il confond une chose et son contraire, la faute et l’innocence. En revanche, la mystérieuse sentinelle du Procès nie cette diabolique équivocité. Elle empêche d'approcher de la Loi, mais elle maintient une situation neutre : celle où il n’y a ni savoir ni ignorance, seulement une attente du savoir. Elle est sur le seuil et elle préserve le seuil. Elle n’agit donc pas comme le représentant de quelque autocensure (Freud), car elle maintient longtemps l'espoir de connaître et exige de la patience, donc un nécessaire dédoublement de la cons­cience (passive et interrogative).

   En réalité, pour Kafka, la situation n’est pas simple. Une énigme demeure : puisque la porte de la Loi est dite "ouverte comme toujours", pourquoi est-il impossible de l’approcher ? Comment interpréter cette très lointaine ouverture ? Faudra-t-il toujours rester sur le seuil où apparaît la disjonction entre savoir ou non, et faudra-t-il être toujours maintenu dans l'incapacité de créer sa propre liberté à partir de ce seuil neutre (vide de toute détermination) ? Et comment l’homme pourrait-il être définitivement coupable alors qu'il ne sait pas pourquoi ? 

   Certes, dans une vision sacralisée de la Loi, lorsque le discours religieux ouvre sur de multiples interprétations, une approche simple de la Vérité est impossible: "Les glossateurs disent qu'on peut à la fois comprendre une chose et se méprendre à son sujet." [5] Le sacré impose en effet des niveaux supérieurs et inférieurs, des coupures violentes, des hiérarchies entre les qualités des hommes et qui sacrifient le bas et le faible au profit du haut et du fort. La porte de la Loi est donc perpétuellement ouverte, et pourtant elle fixe des séparations, des sentinelles, des visions supérieures impossibles à réaliser : "Tu trouveras à l'entrée de chaque salle des sentinelles de plus en plus puissantes ; dès la troisième, même moi, je ne peux plus supporter leur vue." [6]

   Une autre voie est-elle alors possible ? Dans l'affirmative, ce ne serait pas celle d'un l'homme réduit à sa seule dimension matérielle, c'est-à-dire uniquement déterminé par son devenir-animal à fuir et à se terrer. Cette voie serait différente pour chacun, librement créée par chacun. Et cette création d’une existence singulière humaniserait en rendant responsable de soi et soucieux de ne pas nuire aux autres, chacun à sa manière[7]. Cette humanisation ignorerait le franchissement des séparations, car il n’y aurait pas de distance infranchissable entre la Loi et l’acceptation de la Morale, laquelle réaliserait directement l'universalité de la non-violence : un homme vaut un homme.

   Cependant, lorsque les machines administra­tives et policières sont les plus fortes, elles dirigent le devenir-animal de chacun, et une forme matérielle et neutre de l'innocence triomphe : « L’animal nous est plus proche que l’homme. Ce sont les barreaux. La parenté avec l’animal est plus facile qu’avec les hommes (…). On retourne à l’animal. C’est beaucoup plus simple que l’existence hu­maine. Bien à l’abri au sein du troupeau, on marche dans les rues des villes, pour aller ensemble au travail, aux mangeoires, aux plaisirs. C’est une vie précisément délimitée, comme au bureau. Il n’y a plus de miracles, il n’y a plus que des modes d’emploi, des formulaires, des règlements. On a peur de la liberté et de la responsabilité. C’est pourquoi l’on préfère étouf­fer derrière les barreaux qu’on a soi-même bricolés. »[8]

   Ou bien il faut trouver un terrier, par exemple celui de la littérature, pour se sauver et pour vaincre d'inhumaines et monstrueuses machines à pro­duire de la violence : comme la technocratie et la bureaucratie qui s'exercent à diriger, hiérarchiser, dominer, administrer, autoriser, congédier et humilier : « La bureaucratie, si j’en juge d’après moi, est plus proche de la nature humaine originelle que toute autre institution sociale.» [9]

   Et le modèle de cette bureaucratie est donné par Kafka. Il est tout près de la Loi, tout comme le gardien (ou la simple sentinelle) qui sait ce qu'il doit faire comme tout représentant de la Loi : obéir. Face à lui, c'est d'une manière aussi obéissante, car supersti­tieuse, qu'agit d'ailleurs l'homme de la campagne : "Il a fini par connaître jusqu'aux puces de son col de fourrure, il prie les puces elles-mêmes de l'aider à flé­chir le gardien." [10] Et nul ne sait si le péché originel se répète en étant encore puni par l'Exil, puisque cette faute ancienne est depuis longtemps incompréhen­sible. Du reste, pour un athée ou pour un agnostique, face à l'absurdité d'une Loi qui demeure formelle ou cachée, chaque situation paraît absurde, creuse, sourde. Puis, l'idée même de la valeur du Bien devient suspecte, et des mots, parfois plus cruels que la réalité dé­composée des choses, la remplacent…

   Kafka alors écrit, écrit… même si le dur travail de l’écriture ne peut être ac­compli que dans la solitude, l’ascèse et le renoncement : « Ecrire est mon unique possibilité d’existence. (…) Je ne commence à m’éveiller que dans l’espace de mes figures intérieures.»[11] Et il s'interroge ! N'y aurait-il pas quelque révélation à recueillir lors du délire obscur de l'agonie ? Sur le seuil de la mort que dit encore cette vie qui s'efface ? Pas grand-chose, mais c'est peut-être une lumière lointaine, trop lointaine, ou bien une ouverture sur l'obscur : « Cette obscurité que je suis le seul à voir et moi-même pas toujours, déjà le lende­main  de ce jour je ne la voyais plus. Mais je sais qu’elle est là et qu’elle m’attend. » [12]

   Kafka, habitant de Prague et pourtant étranger, déraciné et exilé comme tout homme du XXe siècle par les mutations industrielles qui ont anéanti les traditions, a-t-il désiré autre chose, comme K face au château, que de se faire reconnaître ? Il voulait écrire et être reconnu en tant qu’écrivain, pour survivre, pour agir à sa manière et pour donner un sens à sa vie. Parce qu’il est sans véritable patrie, il a alors posé un universel sans lieu et sans forme en tant que tremplin pour se libé­rer.

   En fait, au-delà des événements historiques, Kafka toujours s’efface, meurt à la vie ordinaire pour naître à l’écriture ; la métamorphose est brutale, décisive ! Et tout ce qui n’est pas littérature l’ennuie. Ainsi, au-delà du destin de ses personnages qui évoque celui d'un juif solitaire et exilé, au-delà de la Diaspora, il y a aussi l’intemporelle écriture qui dépasse les fron­tières, les religions et les nationalités, et qui arpente l’immense espace de la littérature. Kafka veut ainsi mourir content, en finir avec le mécontente­ment de la vie, tout en restant maître de lui-même devant la mort grâce à la mortification de l’écriture. Car la mort est déjà présente dans sa relation avec les mots, avec ces formes solitaires d'une langue : « J’ai besoin pour écrire d’isolement, non pas comme un ermite, mais comme un mort. Écrire en ce sens est un plus profond sommeil, donc une mort, et de même qu’on ne ti­rera pas un mort de sa tombe, on ne pourra la nuit me retirer de ma table. Cela n’a rien immédiatement à voir avec les rapports que j’entretiens avec les hommes, mais ce n’est que de cette manière rigoureuse, continue et sys­tématique que je puis écrire et donc aussi vivre. » [13]

   Par l’écriture, il espère ensuite recevoir et se donner de nouvelles formes de vie. Alors il prend les corps mortels et inachevés de Karl Rossmann, de Joseph K., ou de K., il se glisse dans la carapace d’un cloporte, veut s’anéantir pour renaître dans d’autres corps, même si chaque métamor­phose reste une malheureuse et mortelle dégradation. Kafka veut aussi faire éclater la carapace de sa solitude sans s’identifier complètement à ces carapaces. La seule qui demeure, c’est celle des mots : « Je ne crois pas qu’il existe des gens dont la situation intérieure ressemble à la mienne ; en tout cas, je ne puis me les représenter ; et que, autour de leur tête comme autour de la mienne tournoie toujours le mystérieux corbeau, cela, je ne puis absolument pas l’imaginer.» [14]

   En tout cas, chez Kafka, le démoniaque est bien à l'œuvre.  Il n'y a, en effet, aucun contact clair entre le fini et l'infini, mais seulement une grande confusion : "Finalement sa vue s'affaiblit et il ne sait si la nuit se fait vraiment autour de lui ou s'il est trompé par ses yeux. Mais maintenant il discerne dans l'ombre l'éclat d'une lumière qui brille à travers les portes de la Loi." [15] Cette image de la lumière dit bien alors ce qu'elle a à dire, tout ce qu'elle a à dire, sans métaphore donc, et avec d'autant plus d'importance qu'elle est terrible et brutale : elle dit une ferme condamnation définitive de l'homme de la campagne. Ici, son destin s'achève. La machine à broyer l'humain peut diabolique­ment fonctionner et le gardien n'aura pas la moindre pitié pour le mourant : "Personne que toi n'avait le droit d'entrer ici, car cette entrée n'était faite que pour toi, maintenant je pars, et je ferme." [16]

   Au reste, pour Kafka, une autre porte sépare également la finitude indéfiniment prolongée de son existence d'écrivain (patiemment enfermée dans sa fatigante solitude) et son désir d'infini qui ouvre sans doute sur un immense gouffre silencieux. Sur ce seuil, il découvrira soit un avenir vide et mort, soit une autre naissance : " Je n’ai pas été guidé dans la vie, comme Kier­kegaard, par la main d’ailleurs bien affaiblie déjà, du christianisme, et je n’ai pas attrapé au vol le dernier pan du manteau de prières juif, comme les Sionistes. Je suis une Fin, ou un Commencement." [17] 

   Dès lors, Kafka semble accepter de buter contre la porte infranchis­sable de la Loi, et continuer à vivre son destin absurde, ambivalent et anéantissant : « Seul ce qui est dénué de sens a eu le droit de pénétrer dans ma vie.» [18] Ainsi sa survie (comme écrivain) épouse-t-elle la coulée sans fin d'une écriture paradoxale qui le pousse à refuser son obsédante in­carnation, y compris en se mêlant à un terrible et fantastique bestiaire qui le rapetisse ! Néan­moins, pour échapper à tout pathos qui l'animaliserait davantage, son style n’imite certes pas celui du Code civil, mais adopte le ton apparemment précis, dépouillé, clair et simple d'un procès-verbal. Parfois cruel, son style est d’ailleurs adé­quat à sa personnalité sobre puisqu'il se dit lui-même "froid, égoïste et insensible, en dépit de toute faiblesse qui dissimule tout cela, mais ne l’atténue pas." [19] Pourtant, son style exprime autant son auteur que la réalité dynamique qu’il se crée en créant son œuvre. Car le devenir de son écriture naît en réalité d’une insurmontable tension : l’impossibilité d'atteindre une fin ouvre sur une parole naissante : "S’il y a une transmigra­tion des âmes, alors je ne suis pas encore au plus bas degré ; ma vie est hésitation devant la naissance." [20]

   La paradoxale et absurde déchirure du fini et de l'infini (propre au destin tragique de l'Occident) hante ainsi la simplicité de son écriture et lui permet de rêver sobrement à une perte ou à un manque de lui-même, soit en habi­tant une inhumaine et fictive prison totale (une vaste cave fermée, un terrier ou une carapace de cloporte), soit en dérivant vers un improbable "paradis terrestre après l'expulsion des humains." [21] L’auteur du Terrier (1923) vou­lait d'ailleurs depuis longtemps habiter "l'espace le plus intérieur d’une cave étendue et fermée." [22]

   Du fond de ces cruels paradoxes surgit aussi l'idée d'un rapport possible entre une écriture complexe, indéfiniment prolongée, et un sentiment fusionnel qui serait créé par la réalisation d'un Amour absolu, notamment dans et par les liens de l'écriture : "Je voudrais que tu ne fusses pas au monde mais toute en moi, ou mieux encore, que je ne fusse pas au monde mais entièrement en toi, l'un de nous deux est de trop ici, à mon sentiment, la séparation en deux êtres distincts est intolérable." [23]. Kafka manifeste ainsi son désir démoniaque de l'impossible et, par conséquent, son oubli des seuils, y compris du seuil neutre qui est un vide relatif permettant de déployer des libertés. Il ne reste en effet pour lui que l'espace sacré d'une déchirure entre le fini et l'infini. En tout cas, l'idée de l'absolu ne concernerait pas une situation humaine vécue, loin des anges de la mort, dans un espace partagé avec les autres hommes

   En tout cas, il est impossible de produire un concept, une représentation claire et universelle, de ce que serait une totale séparation, de ce que serait l'absolu. Une rupture, dans un couple, n'est en réalité qu'un impensable éloignement des corps. Et, pour penser l'idée d'une séparation absolue, il faudrait être soi-même dans l'abîme. N'est donc pensable que l'image d'une porte qui est associée à l'image banale d'un seuil qui est trop complexe pour être conceptualisée. De plus, pour Sartre, "chacun se fait sa propre porte"[24]. L'idée platonicienne de la Porte de toutes les portes est en effet étrangère à toute pensée humaine, sensible et incarnée. Et, si l'absolu se trouve réellement derrière la porte idéale, il n'y a personne pour le penser. Chacun se situe donc devant une porte différente qui peut être ouverte ou non, selon sa libre décision. Or cette porte ne sépare pas définitivement l'espace en deux territoires. Elle ne permet pas davantage d'imaginer qu'il serait possible de transgresser toutes les réalités

   L'idée de l'absolu ne peut en fait inspirer qu'un monde fictif et démoniaque (au sens de faux) qui se croit séparé, détaché, indépendant, achevé, complet, seul, non relatif, substantiel, donc en soi et par soi, comme une réalité inaccessible, parfaite, donc sans aucun défaut. Or, d'un point de vue humain, si chacun peut se trouver sur le seuil de cet absolu, nul ne peut le savoir vraiment : "La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t'en vas." [25] L'idée de l'absolu est donc absurde au sens où elle pétrifie la pensée, car elle n'est que le rêve d'un obscur désir de l'impossible.

   Par conséquent, afin d'accéder à un peu de clarté, il vaudrait mieux en rester au concept de la distinction qui permet de rassembler librement des objets autonomes, bien que distants et différents. En tout cas, concernant Kafka, l'énigme reste entière : "Il os­cille pathétique­ment." [26] Comme K., il semble neutre au sens nihiliste où l'entend Blanchot, puisqu'il est indifférent au désastre de l'humain, y compris au sien : "Il se peut que mon écriture ne soit rien, mais c’est qu’alors et certainement je ne suis vraiment rien." [27]

   L'ombre d'une culpabilité incompréhensible (ou d'une douteuse inno­cence) anime ainsi l'écriture claire, précise, lente et sobre de Kafka. Et son écriture lui permet de mourir peu à peu, paisiblement, en fonction d'un lent effa­cement. La machine du destin est donc pour lui vraiment absurde et diabolique puisqu'elle ne crée pas le vide relatif qui permettrait de commencer à être libre. Du reste, Kafka ne se révolte même pas. Il attend en écrivant et en subissant, selon Camus,  un "désert de la grâce divine".[28] Mais comment savoir si cette grâce est réellement attendue et si elle viendra un jour, trop tard ou pour toujours ?

 

[1] Kafka (Franz), Aphorismes, VI, p. 206, aphorisme 54.

[2] Cité par Claude-Edmonde Magny, Essai sur les limites de la littérature, Petite  Bibliothèque Payot,

n° 122, Paris, 1968, p. 227.   

[3] Cité par Maurice Blanchot, De Kafka à Kafka, Idées-Gallimard, 1981, p. 224.

[4] Kafka (Franz), Journal, LDP n° 3001, 1954, p. 373.

[5] Kafka (Franz), Le Procès, LDP n° 841-842, 1957, p.351

[6] Kafka (Franz), Le Procès, op.cit., p. 347.

[7] Conformément à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 14 novembre 1791, Art. IV.

[8] Janouch (Gustav), Conversations avec Kafka, Les Lettres Nouvelles-Maurice Nadeau,  Paris, 1978, 

p. 27.

[9] Cité par Maurice Blanchot, De Kafka à Kafka, op.cit., p. 199.

[10] Kafka (Franz), Le Procès, op.cit., p.348.

[11] Cité par Maurice Blanchot, De Kafka à Kafka, op.cit., p. 238.

[12] Cité par Maurice Blanchot, De Kafka à Kafka, op.cit., p. 205.

[13] Cité par Maurice Blanchot, De Kafka à Kafka, op. cit., p. 240.

[14] Kafka (Franz), Journal du 17 novembre 1917, VI, p. 106.

[15] Kafka (Franz), Le Procès, op.cit., p.348.

[16] Kafka (Franz), Le Procès, op.cit., p.349.

[17] Cité par Claude-Edmonde Magny, Essai sur les limites de la littératurePetite Bibliothèque Payot, n° 122, Paris, 1968, p. 200.

[18] Kafka (Franz), Journal du 25 octobre 1921, VI, p. 109.

[19] Cité par Maurice Blanchot, De Kafka à Kafka, op.cit., p. 232.

[20] Kafka (Franz), Journal du 24 janvier 1922.

[21] Kafka (Franz), Lettre à Felice, Gallimard, t. II, p. 798-799. Traduction de Marthe Robert.

[22] Kafka (Franz), Lettre à sa fiancée du 15 janvier 1913.

[23] Kafka (Franz), Lettre à Felice, Gallimard, t. II, p. 436.

[24] Sartre (Jean-Paul), L'Être et le néant, Nrf, 1943, p. 635.

[25] Kafka (Franz, Le Procès, op. cit., p.358.

[26] Blanchot (Maurice), De Kafka à Kafka, Idées-Gallimard, 1981, p. 120.

[27]  Cité par Maurice Blanchot, De Kafka à Kafka, op. cit., p. 225.

[28]  Camus (Albert), Le Mythe de Sisyphe, Idées-Gallimard, 1966, p. 180.

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